Infolettre N° 7 – Automne 2025
Le 8 septembre dernier, des groupes de jeunes de la génération Z ont annoncé des manifestations contre la corruption, les inégalités sociales et le népotisme, demandant la démission du premier ministre.
Le gouvernement a réagi en bloquant les réseaux sociaux, ce qui n’a fait qu’attiser la colère des manifestants qui sont descendus de plus en plus nombreux dans la rue.
Le lendemain, les manifestations des jeunes et l’ouverture des prisons par des bandes masquées ont provoqué des destructions dans la capitale, notamment des incendies dans les résidences des politiciens, le bâtiment du Parlement, la Cour suprême, les postes de police, des hôtels et des centres commerciaux.
La police a réprimé violemment ces mouvements et a tiré sur la foule, provoquant la mort. Cette situation de guerre dans la capitale a conduit à la démission du Premier ministre Khabga Prasad, les manifestants prenant effectivement le contrôle de la ville.
Alors que les destructions et les pillages augmentaient, installant un véritable chaos, les leaders des manifestations de la génération Z ont déclaré que de tels actes n’avaient pas été commis par leurs membres et ont demandé à l’armée népalaise de protéger la ville. L’armée a été déployée et a mis en place un couvre-feu strict à Katmandou et dans d’autres grandes villes.
A la suite d’un débat et d’un vote rassemblant plus de 100 000 personnes sur l’application Discord, une nouvelle première ministre a été élue, Sushita Karki, l’ancienne presidente de la Cour Suprême, soutenue par le maire de Katmandou. Les jeunes en attendent des réformes essentielles et ne veulent pas entendre parler du retour des vieux dirigeants et du système de corruption généralisée qu’ils entretenaient.
Le bilan de ces journées d’émeutes s’est élevé à 73 morts et plus de 1000 blessés. Des funérailles pacifiques ont pu être organisées, scellant la paix entre les jeunes et les forces de l’ordre, mais la plupart des lieux de l’administration et du pouvoir ont été saccagés et des masses de documents, en particulier juridiques, ont été détruites par le feu.
Les prochaines élections sont annoncées pour le 5 mars 2026. La jeunesse veut y croire et compte bien jouer un role actif dans les réformes vers plus de démocratie et des perspectives d’emploi et de développement pour le pays.
Et le pays n’en avait pas fini avec les tristes nouvelles!
Début octobre, des pluies torrentielles ont provoqué plus de 60 morts et disparus et des dégâts considérables. La capitale n’a pas été épargnée et des torrents de boue ont envahi les rues. Les communications terrestres et aériennes étaient coupées, compliquant l’intervention des secours et l’approvisionnement, particulièrement dans les régions de montagne. L’eau potable manquait, les habitants se sont réfugiés sous des bâches et les activités ont dû être stoppées plusieurs jours.
La “queue” de mousson n’est pas un phénomène nouveau, mais il est chaque année de plus en plus ravageur. Pour compléter la liste des catastrophes, début novembre, des chutes de neige précoces ont bloqué durant plusieurs jours routes et chemins d’accès aux villages, notamment dans la région du Dolpo, déjà difficile d’accès en temps normal.
Pourtant la saison touristique d’automne avait bien commencé. Espérons que celle du printemps prochain sera une réussite, car la bonne santé économique du pays en dépend en grande partie.
Actualisation de la situation politique à la mi-novembre
Sudan Gurung, 36 ans, ancien DJ et fondateur d’une ONG après le séisme de 2015, s’est imposé comme leader du mouvement né sur les réseaux sociaux et cherche à unifier la “gen Z”.
Un autre nom, Bablu Gupta, 28 ans, s’est montré très actif dans le mouvement. Nommé ministre de la jeunesse et des sports du nouveau gouvernement, il est le fondateur d’une organisation de soutien aux populations défavorisées. C’est le plus jeune ministre de l’histoire du Népal.
