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Infolettre N°6 Mai 2025

Infolettre N° 6 – Mai 2025

Le mot du Président

 

Il y a dix ans le Népal a subi un terrible séisme qui a ravagé une partie du pays faisant des milliers de victimes et de sans abris. Si la solidarité internationale s’est exprimée ponctuellement en 2015, les besoins sont tellement importants que le pays, un des plus pauvres du monde, peine aujourd’hui encore à donner réponse.

 

À l’heure où cette situation affecte gravement les populations des régions  touchées de manière persistante et où les experts unanimes prédisent de nouvelles secousses sismiques avec leurs conséquences, il nous est apparu important de partager avec vous une information sur cette situation préoccupante dans notre  infolettre trimestrielle.

10 ans après le séisme de 2015

 

Le 25 avril 2015 un séisme de magnitude 7.8 ravageait une partie du Népal, détruisant maisons, immeubles, routes, ponts, temples et faisait plus de 9000 morts et 22 000 blessés.

 

La reconstruction n’est pas, et ne sera jamais terminée.

 

De nombreuses familles pauvres vivent encore aujourd’hui dans des abris de fortune, en ville comme à la campagne.

 

 

Le pays est situé au contact de la plaque eurasiatique et de la plaque indienne, zone de sismologie très active, ce qui le place au 11e rang dans la liste des pays les plus à risque dans le monde. Or les spécialistes affirment que le Népal est en permanence exposé et qu’un autre événement, aussi violent que celui de 2015, pourrait survenir à tout moment car la plaque indienne continue à avancer vers le Nord à raison de 4 centimètres par an.

 

Les nouvelles lois sur la construction listent les types de terrain, les matériaux et les techniques désormais interdits et proposent des solutions antisismiques. Mais les instructions ne suffisent pas, la diffusion et l’application de ces règles au plan local est négligée par l’administration. Les aides financières, comme les formations de techniciens, ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Les promesses sur les politiques de prévention, sur la surveillance et les systèmes d’alerte supposent des moyens bien supérieurs pour pouvoir informer et former la population, organiser des simulations. De plus, les inondations, avalanches et coulées de boue continuent à faire des ravages et les modes de construction antisismique ne répondent pas à ces phénomènes climatiques de plus en plus fréquents et tout aussi destructeurs. Le respect des nouvelles normes de construction impose un surcoût qui dépasse les moyens financiers des habitants, surtout en ville où déjà le prix du terrain explose.

 

De larges espaces libres de toute construction avaient été prévus pour accueillir les populations en cas de catastrophe, mais à Lalitpur, par exemple, ces espaces-refuges ont été utilisés depuis 2015 pour des bâtiments ministériels. L’espace disponible est un problème majeur face à l’augmentation de la pression démographique dans toutes les zones urbaines.

 

A Barpak, dans le district de Gorkha, épicentre du séisme, les familles dalits sont toujours en lutte pour la reconstruction de leurs maisons, pris en étau entre les divisions politiques locales, les délais administratifs d’obtention des autorisations et les attributions d’aides financières. Ces familles vivent depuis dix ans sous des abris de fortune, sans perspectives de solution, car leurs terrains ont été classés inconstructibles sans que les autorités soient en mesure de leur proposer d’autres parcelles. Sur 24 familles, seules quatre ont pu retourner s’établir sur leurs anciens terrains, et ce malgré les avertissements des géologues qui affirment que ces espaces sont particulièrement exposés à des risques sismiques. Elles sont les victimes des conflits politiques  locaux où chaque parti joue pour affaiblir son adversaire en accordant ou refusant aides financières et autorisations.

 

En attendant, les intempéries, toujours plus violentes à cause du changement climatique, imposent à ces populations des conditions d’habitat indignes.

 

Dans la région du Langtang, particulièrement affectée puisque plusieurs villages ont été totalement détruits, les habitants ont soigneusement récupéré tous les matériaux en vue de leur réutilisation mais la pierre et le bois ne sont plus acceptés dans les nouvelles normes, alors que le béton armé est devenu obligatoire pour qui veut recevoir la maigre somme allouée pour aider à rebâtir. Or l’isolement des villages rend la livraison du ciment et du fer impossible, et aucune autre solution n’a été proposée. Il semblerait que le lobby de ces deux matériaux fasse pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils n’acceptent aucun autre type de matériaux, pourtant plus adapté à l’environnement et plus recyclable en cas de nouvelle catastrophe.

 

Les écoles ont été une priorité et les ONG ont apporté une aide importante pour leur reconstruction, en ville comme dans les villages.

 

 

Le patrimoine architectural a lui aussi bénéficié de larges soutiens de la part des habitants, très attachés à leur culture religieuse. Les magnifiques anciens temples ont été relevés grâce à l’UNESCO et sinon par les fidèles eux-mêmes, comme le grand stupa de Bodhnat.

 

Quant à l’habitat, même si certains ont pu reconstruire, des milliers de déplacés sont depuis 2015 abandonnés des pouvoirs publics, victimes de la lenteur, de l’inadaptation et de l’injustice du processus de relance.